Blade, la trilogie dark de Marvel

En revoyant la trilogie BLADE, je me dis que ce sera tout de même sacrément difficile d’intégrer un tel personnage et un univers aussi ténébreux dans le tentaculaire Marvel Universe (qui reste objectivement grand public). Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il y a eu de nombreuses réécritures tout au long de ces dernières années… En l’état, revoir la trilogie, c’est se rappeler que Wesley Snipes est parfait dans ce rôle, que les scènes de combats restent détonnantes et que la noirceur de l’ensemble est une plongée saisissante dans un univers aussi sanglant que jouissif. Evidemment, c’est aussi se rappeler des effets digitaux un peu grossiers ou des personnages pas toujours très bien exploités. Revenons sur ces trois épisodes sortis entre 1998 et 2004.

BLADE réalisé par Stephen Norrington (1998)

La séquence d’ouverture est une petite masterclass à elle toute seule, résumant parfaitement ce qu’est BLADE. D’ailleurs, si je devais conserver une seule scène, ce serait celle-ci : le réalisateur nous embarque dans une sorte de rave-party vampirique dans un sous-sol clandestin avec un danger qui vient se resserrer de manière palpable grâce à un habile montage. Puis, dans une démesure dingue, Wesley Snipes arrive avec son look impitoyable et sa dégaine de machine brutale prête à dézinguer l’assemblée. En un plan, l’acteur impose son physique et son charisme au personnage.

Ce premier film reste, pour ma part, le meilleur de la trilogie. Tout y est : la présentation de l’univers est limpide et complètement ténébreuse, l’antagoniste Deacon Frost (interprété par Stephen Dorff) a des ambitions bien définies tandis que le scénario, sans être d’une ingéniosité folle, s’avère plutôt bien écrit. En revanche, difficile de défendre des effets visuels déjà datés lors de la sortie en salles (mais là, en blu-ray et projetés par le projecteur BenQ, ça pique un peu les yeux…), mais les combats demeurent de redoutables morceaux de bravoure soutenus par une BO très 90s (et underground). Enfin, il reste Wesley Snipes, celui sur lequel tout repose. Peu bavard, iconisé à outrance, physiquement impressionnant, il impose un charisme terrassant. Bonne chance à Mahershala Ali qui prendra le relais dans le MCU…

Le box-office : Produit pour 50 millions de dollars, BLADE rentre dans ses frais en cumulant 131,1 millions. De quoi donner envie au studio de poursuivre l’aventure. En France, le film s’en sort honnêtement en réunissant 653 288 spectateurs.

BLADE 2 réalisé par Guillermo Del Toro (2002)

Pour de nombreux fans, ce deuxième opus est le plus réussi de tous. Il faut dire que Guillermo Del Toro met tous les ingrédients pour rendre BLADE plus féroce, plus violent, plus horrifique. Une suite dans laquelle le cinéaste y met toute sa personnalité, lui qui vient de signer trois films qui l’ont exposé aux yeux du monde entier : CRONOS, MIMIC et L’ECHINE DU DIABLE.

Avec son vampire modifié à l’esthétique préfigurant sa future série THE STRAIN, Del Toro ne laisse jamais souffler le spectateur en enchaînant les séquences d’action toutes plus virevoltantes les unes que les autres. Obligé de faire équipe avec une bande de vampires mercenaires (dont font partie Ron Perlman et Donnie Yen, ce dernier étant totalement sous-exploité), Blade affronte un ennemi plus fort et plus difficile à vaincre. Les monstres sont donc omniprésents, sortis tout droits des planches de comics des 70s. On sait que chez Del Toro, le véritable « monstre » n’est pas celui que l’on croit, et le cinéaste de tenter régulièrement de trouver une nuance aux combats de chacun. Avec son casting impressionnant, BLADE 2 emporte l’adhésion même si son ambiance globale s’avère moins caverneuse que son prédécesseur. Une simple affaire de goût.

Le box-office : Avec un budget presque similaire que son prédécesseur (55 millions), le film rapporte 154,2 millions de dollars de recettes mondiales. En France, la popularité du héros explose puisque BLADE 2 totalise 1 238 432 tickets vendus (soit près du double des chiffres du premier !).

BLADE TRINITY réalisé par David S.Goyer (2004)

Le vrai ratage de cette trilogie. David S.Goyer (scénariste des deux premiers volets) se positionne en tant que metteur en scène pour un résultat très décevant. À vrai dire, c’est bien difficile de retrouver l’ambiance des deux premiers avec cette série B qui joue clairement la carte du divertissement plus léger et moins gore.

Si Wesley Snipes s’impose toujours, difficile d’être indulgent avec ses camarades de jeu. Ryan Reynolds, dans un exercice pré-DEADPOOL, est assommant de lourdeurs, Jessica Biel n’est tout simplement pas une bonne actrice tandis que la Palme du ridicule revient à Dominic Purcell qui parvient à transformer le plus puissant des vampires en ignoble figurant mal habillé (ses costumes sont catastrophiques…). Difficile de croire à ce BLADE TRINITY qui souffre, de surcroît, d’une direction artistique brouillonne qui ne rend jamais justice à l’univers de son protagoniste. Une conclusion décevante, à peine sauver par quelques combats énergiques, mais là encore bien en deçà de ce qui a été fait auparavant.

Le box-office : Ironiquement, celui qui a coûté le plus cher s’avère être le moins impressionnant. Avec un budget de 65 millions de dollars, BLADE TRINITY rapporte tout de même 128,8 millions malgré des critiques négatives de la part du public et des critiques. En France, ce troisième film chute et réunit 634 441 aficionados.

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