Once Upon a Time in Hollywood, Tarantino et sa vision des 60s

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Trois ans après LES HUIT SALOPARDS, Quentin Tarantino est revenu en 2019 avec un film qui a affolé la planète cinéma depuis l’annonce de son pitch jusque son casting cinq étoiles en passant par son tournage pharaonique qui a ressuscité la fin des 60s avec le perfectionnisme que l’on connaît du cinéaste. Dans les faits, le neuvième film de QT est loin d’être ce qu’on attendait, et c’est peut-être pour cela qu’il est aussi détonnant. 

La série des trois

Trois jours, trois personnages, trois destins. On pourrait s’en tenir là pour décrire ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD tant celui-ci agit comme une véritable plongée dans un milieu où le rêve et la désillusion sont étroitement liés. L’histoire n’est pas des plus complexes : un acteur névrosé s’inquiète

de devenir has been, un cascadeur erre dans LA en attendant de saisir une chance qui ne viendra peut-être jamais tandis qu’une actrice insouciante part au cinéma visionner le film dans lequel elle a tourné. Une parenthèse enchantée au sein d’une année 1969 décisive qui changera à jamais les mentalités et qui verra la disparition du flower power ainsi que l’insouciance des 60s suite aux meurtres commis par la « Manson family ».

Là où tout le monde attendait un Tarantino féroce, la surprise est de mise : le film est plus mélodramatique qu’énervé, plus posé qu’excité et bien plus verbeux que mouvementé. Pas de retournement de situation diabolique ici, juste une virée enchantée dans un Los Angeles qui n’existe plus. Avant que les illusions ne s’éteignent, le cinéaste fait durer le plaisir pendant trois heures et joue avec les attentes du public pour livrer une oeuvre déstabilisante, presque paralysante par la pauvreté apparente de ses enjeux. Dans le fond, ONCE UPON A TIME… est plus métaphorique que concret et demandera une participation supplémentaire de la part du spectateur (ainsi qu’une connaissance minimale du contexte). Le film est long, exigeant, décousu, mais s’avère totalement stupéfiant dans la manière de nous plonger littéralement dans un monde où tout est possible. En mêlant réalité et plateau de cinéma (incroyable séquence de mise en abîme où Rick Dalton interprète son rôle tandis que DiCaprio qui joue ce dernier se retrouve dans deux personnages à la fois !), Tarantino nous invite dans son monde, celui qui ne plait pas à tous (la fin a fait grincé des dents), mais que le principal intéressé assume totalement. A l’image de cette séquence presque burlesque entre Cliff Booth (Brad Pitt) et un Bruce Lee auto-centré. Drôles, ratées, géniales, ridicules, ces quelques minutes sont un peu tout ça à la fois. Quelques instants là encore fantasmés (ou vrais ?) au sommet d’un toit. 

Une division au sein même des fans

Assurément, ONCE UPON A TIME… a divisé, peut-être plus que n’importe quel autre film de QT. Mais qu’importe, c’est une ode au cinéma, un instantané profondément touchant qui vibre de séquences appelées à vite devenir cultes (ce pétage de câble hallucinant de Dalton dans sa loge) et de performances d’acteurs au-delà du superlatif (même si on regrettera que Margot Robbie soit assez sous exploitée). Oui, ce neuvième opus n’est pas parfait, il souffre d’un trop-plein, d’une somme d’idées impossible à condenser (en témoigne cette étonnante ellipse italienne qu’on aurait aimé vivre), mais il faut reconnaître qu’il y a une multitude de visions de cinéma orgasmiques sur chaque minute de bobine. Et que cette reconstitution des 60s est d’une beauté renversante. De son côté, Brad Pitt va obtenir pour la première fois de carrière un oscar dans la catégorie meilleur second rôle. Le couronnement d’une carrière exceptionnelle.

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