Chaplin, Robert Downey Jr. dans la peau d’une icône

Avant sa terrible traversée du désert puis sa renaissance dans le rôle de Tony Stark (qui a fait de lui une star), Robert Downey Jr. fut nommé pour l’oscar du meilleur acteur en 1993 pour son interprétation de Charlie Chaplin dans le film réalisé par Richard Attenborough. 

Robert Downey Jr. dans l’un de ses meilleurs rôles

Avec subtilité et énergie, l’acteur s’empare d’une des plus grandes icônes de l’Histoire du cinéma avec maestria. Il trouve ici son plus

beau rôle, déployant une grande variété dans son jeu. Il tire tout le film vers le haut, celui-ci prenant parfois de grands raccourcis (nécessaires, il est vrai) et s’approchant, parfois, vers l’hagiographie facile. Peut-être à cause de l’origine même du projet ?

Charlie Chaplin écrit son autobiographie en 1964, soit treize ans avant de mourir. Dans ce livre de 500 pages, il retrace sa vie d’homme et d’artiste avec de nombreux détails. Passionné par cet ouvrage, Richard Attenborough décide d’en tirer un film tout en restant assez fidèle au texte. Pour extirper quelques zones d’ombre, il crée un personnage fictif du nom de George Hayden (interprété par Anthony Hopkins), censé être l’éditeur du père de Charlot et qui interroge à Vevey un Chaplin vieillissant, peu enclin à répondre aux questions qui lui sont posées. Grâce à cet astucieux procédé, le cinéaste interroge l’Histoire et l’arrange également à sa manière. 

La difficulté de réaliser un biopic

Dans un biopic, tout est question de point de vue. L’instant d’une vie n’est-il d’ailleurs pas une affaire de mise en scène ? Bien sûr, les médiums sont différents, le cinéma ne peut pas s’éterniser sur de nombreux points contrairement à un livre. A titre d’exemple, l’exposition s’étend sur 100 pages dans l’autobiographie quand l’écran ne peut lui accorder plus de quinze minutes ! Cette sensation de « résumé » est assez palpable durant le long-métrage, ce qui n’empêche pas de prendre un grand plaisir à le visionner. Parfois, Attenborough insère de pures fulgurances au sein de son montage. En témoigne ce grandiose accéléré relatant la fabrication des films de Chaplin, dans une énergie étourdissante et une musique prodigieuse. Dans un effet d’hommage, le cinéaste met en place un court-métrage dans le long, superposant les projets du Charlot au sien.

Trois fois nommés aux Oscars et aux golden globes, CHAPLIN ne reçut aucune récompense. En revanche, Robert Downey Jr. remportera le BAFTA du meilleur acteur pour sa très belle interprétation. A sa sortie, malgré les critiques positives, le film reste relativement discret en n’empochant que 9 millions de dollars au box-office US. En France, où Charlie Chaplin reste très populaire, ce biopic n’a attiré que 252 078 spectateurs. Un bilan assez maigre pour une réhabilitation qui a encore beaucoup de mal à se faire malgré la popularité exceptionnelle de son interprète principal. Enfin, pas sûr que ce statut lui serve beaucoup, de nombreux spectateurs ne sachant toujours pas que Robert Downey Jr. avait une vie avant Iron Man…

Laisser un commentaire