American History X, production difficile pour un film percutant

Film enflammé sur le racisme, AMERICAN HISTORY X est surtout une oeuvre qui a mis une claque aux spectateurs le découvrant dans les salles en 1999. Un choc, mais aussi des polémiques, des soubresauts en coulisses et des divergences qui ont bien failli couler le navire.

Un premier long-métrage percutant

Réalisateur de spots publicitaires, Tony Kaye se lance dans son premier long-métrage avec AMERICAN HISTORY X. Cette histoire remonte aux sources du racisme américain à la fin du XXème siècle. Il met en scène un homme habité par la haine de l’étranger et l’incidence que ses pensées peut avoir sur les autres (notamment son petit-frère). 

Le film démarre avec une scène dure, brutale. Dans un noir et blanc en forme de flash-back, Derek Vinyard, skinhead incarné par Edward Norton, assassine deux afro-américains qui essaient de voler sa voiture. Son petit-frère, Daniel Vinyard (Edward Furlong), assiste à la scène. Il est sous le choc et restera marqué à vie par cette nuit. Une séquence qui a cristallisé, à l’époque, le soulèvement indigné d’une partie des spectateurs. Il est vrai que le cinéaste ne fait aucune concession et démarre son récit avec un profond malaise. Un choc qui permet de contraster avec la véritable histoire qu’on veut nous raconter.

Même si le film dresse le portrait de la société nord-américaine de l’époque, celui-ci ne serait dépeint d’une différente façon aujourd’hui. L’immigration a changé quelque peu l’aspect de nos sociétés et a fait resurgir des idéologies radicales que l’on pensait éteintes. C’est peut-être pour cette raison que AMERICAN HISTORY X est un film encore plus pertinent et plus universel

aujourd’hui. Il n’y a qu’à voir la séquence tendue du repas de famille qui vient rappeler douloureusement certaines discussions au sein même de la population actuelle. 

Le contexte socio-culturel du film nous place dans un quartier de gens travailleurs qui, peu à peu, a vu l’arrivée d’ethnies différentes s’installer. Parmi eux, beaucoup sont abandonnées en cours de route et doivent lutter avec leurs propres armes. Une arrivée qui pose problème aux habitants qui voient ces gens comme une menace. Tandis que ceux-ci ne supportent pas l’image de ces personnes embourgeoisées alors qu’ils sont marginalisés. Une confrontation qui guide la trame du film et qui finit par se réunir grâce à la relation que Derek va entretenir avec un autre prisonnier. 

Destins croisés

D’où vient la haine de Derek ? Du décès de son père, le jeune homme blâmant la population noire et latino pour tous les maux qu’il a endurés. A partir de là, sa vision du monde va changer, le menant vers Cameron, un néo-nazi. On assiste alors aux deux parcours croisés, celui de Derek et celui du jeune Danny qui a toujours idolâtré le premier. Tony Kaye ne puise pas dans des fantaisies futiles pour mettre en scène son propos. Les va-et-vient temporels ne sont caractérisés que par une différence de colorimétrie (noir et blanc pour le passé, colorée pour le présent). En revanche, il imbrique de nombreuses idées fondamentales pour élaborer un récit limpide. Le parcours du jeune Danny est passionnant car il est la conséquence d’une éducation, d’une vision bien imprégnée dans son entourage. 

La force des interprétations donne une crédibilité supplémentaire à un film qui aurait pu rapidement verser dans la caricature. Edward Norton offre une force incroyable à Derek. Un travail nécessaire pour que l’on croit à la rédemption d’un personnage très complexe. Il est difficile d’accepter la nouvelle

situation qui nous est présentée, et tout n’est pas fait avec subtilité. Mais le film montre que chaque acte a une incidence et qu’elle peut peser sur les générations futures. De plus, l’idéologie dans laquelle était enfermée Derek n’est plus la sienne désormais. Il a vécu les pires immondices en prison et devient soudainement la victime. Le parcours de Daniel découle en partie de celui de Derek. Edward Furlong alterne entre la haine, la force puis les larmes. Il incarne un jeune homme perdu entre ce qu’il pense, ce qui découle de son éducation et le mal qu’il perçoit chaque jour. 

A sa sortie, malgré la polémique qui lui donne une grande visibilité, AMERICAN HISTORY X ne connait pas un grand succès. Il ne rapporte que 13 millions de dollars (dont 6,7 millions aux USA). Un four total, dont la France s’extirpe assez bien en réunissant 621 733 spectateurs. Aujourd’hui, la popularité du film est renforcée et bien plus forte qu’à l’époque. Très apprécié (4,4/5 sur Allociné, 7,8/10 sur SensCritique), il devient le témoin d’une société qui s’est perdue dans ses propres peurs. ​

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