Si le cinéma de Jordan Peele vous rebute, il est difficile de penser que NOPE inversera la tendance. Régulièrement comparé à M.Night Shyamalan (drôle de parallèle, je trouve), le réalisateur a explosé aux yeux du monde entier avec GET OUT, petit film de genre bien troussé, aussi politique qu’efficace. Surfant sur le souvenir encore tout frais de ce premier long-métrage, US a en revanche plus déstabilisé.
Cette critique est garantie sans spoilers.
C’est que Peele charge ses oeuvres d’un certain symbolisme qui, en effet, le rapproche un peu de Shyamalan (du moins sur ce point). Remplis de métaphores, ses films s’approfondissent, se regardent avec une certaine attention et débordent de thèmes. Ainsi, on théorise, réfléchit, murit l’oeuvre en question. NOPE pousse encore les curseurs déjà bien élevés de US de ce côté là. Mais il réussit aussi à nous impressionner par l’écrasante ampleur de sa mise en scène.
NOPE intègre la science-fiction et joue aussi la carte du western. C’est un drôle de mélange qui a pour but de pointer du doigt notre rapport à l’autre, au sensationnalisme, à l’image et, aussi, nous montrer l’indomptabilité animale. Ça fait beaucoup, et c’est difficile pour moi d’expliquer ce que je suis en train de dire puisque cette critique est garantie sans spoilers. Toutefois, impossible de vivre ce film comme les
autres tant il est parfois mal-aimable et tortueux. On peut, en revanche, rapidement assimilé les séquences d’action et de suspense qui se révèlent souvent remarquables, certaines nous rappelant même les plus belles heures du cinéma de Steven Spielberg. D’ailleurs Peele aime y faire référence, tout en développant sa propre vision. Il s’impose en représentant de la cause Noire au cinéma et nous livre quelques images édifiantes. Il ravive le souvenir du cow-boy afro-américain, trop longtemps oublié et effacé par des années de représentation du mythe américain.
Sur une partition étrange signée Michael Abels, NOPE rentre dans votre tête et s’insinue un long moment. Difficile de rester indifférent devant une telle proposition, même si on pourra toujours pointer du doigt une certaine lourdeur dans cette fâcheuse tendance de rendre tout mystérieux, même le plus infime des détails. Pour son prochain projet, le cinéaste devrait peut-être revenir à une forme plus directe et moins digressive, tout en poursuivant son travail sur l’image qui est, lui, impressionnant.
AVIS GLOBAL : NOPE est un film qui ne laisse pas indifférent, qu’on l’apprécie ou non. Avec sa mise en scène à couper le souffle et son récit rempli de symboles, Jordan Peele reste parfois trop énigmatique tout en réussissant à imposer sa vision à travers quelques plans emblématiques.
NOTE :
NOPE est actuellement disponible dans les salles de cinéma.
