Predator, une oeuvre culte signée John McTiernan

Le paradoxe de la créature que l’on nomme Predator, c’est qu’elle a gagné ses galons dans l’inconscient collectif avec un seul film mémorable. Ses suites ont déçu et n’ont jamais réussi à retrouver l’esprit décomplexé de l’oeuvre originale.

Rocky vs Predator

C’est une époque où l’imaginaire brille et dans laquelle de nouvelles figures émergent. Nous sommes en plein milieu des années 80, une décennie propice aux divertissements et aux nouvelles technologies. Pourtant, ce qui va lancer PREDATOR démarre d’une blague, ni plus ni moins. Quelques mois après la sortie de ROCKY 4, une folle idée gagne le tout Hollywood : et si Rocky se confrontait à un extra-terrestre pour son futur combat ? À l’affût, deux inconnus nommés Jim et John Thomas se lancent dans cette histoire et boucle un scénario appelé HUNTER. Toutefois, la blague va rapidement devenir une réalité.

La 20th Century Fox tombe donc sur ce drôle de script et le confie à l’indispensable producteur Joel Silver qui s’y connaît en « actioner » pour avoir notamment produit COMMANDO. Le réalisateur John McTiernan est également choisi, lui qui a impressionné son monde avec le film à petit budget, NOMADS (et notamment Arnold Schwarzenegger). L’ironie de la vie, c’est que le cinéaste avait refusé COMMANDO quelques mois plus tôt. Quoi qu’il en soit, ce projet un peu fou est définitivement propulsé lorsque Schwarzy donne son accord pour incarner le personnage principal. Pour l’entourer, il faut alors des mastodontes, des hommes au charisme assez affirmé pour ne pas créer de déséquilibre. Le commando dirigé par le culturiste autrichien sera donc composé de sept hommes qui sont autant des frères d’armes que des machines à tuer.

Un casting chargé

Parmi les gros bras, Carl Weathers est choisi pour interpréter le major George Dillon. Déjà présent dans les quatre opus de la saga ROCKY, l’acteur est en terrain connu. Autre mastodonte à intégrer la distribution, l’immense Jesse Ventura, 115 kilos, passant son temps à défiler sur l’écran avec un engin fait pour tout dézinguer : la mitrailleuse Gatling M134. À leurs côtés, Bill Duke est Mac, un soldat plus réservé et taciturne, mais tout aussi téméraire tandis que Sonny Landham incarne Billy, un indien qui fonctionne à l’instinct dont le personnage fascinera les spectateurs. Pour l’anecdote, l’acteur était constamment accompagné d’un garde du corps sur le plateau. Ce qui est intéressant, c’est que ce n’était pas pour le protéger lui, mais pour protéger les autres de ses propres accès de colère ! Son passé carcéral et sa violence imprévisible ont obligé la production à le « limiter » sous peine de voir l’assurance se rétractait. De son côté, Richard Chavez joue « Poncho » et avouera que ce tournage lui avait donné un arrière goût de déjà-vu (à cause de sa participation à la guerre du Vietnam). Enfin, Shane Black joue le comique de service et l’opérateur radio. Un rôle essentiel dans le principe d’identification des spectateurs, ces derniers s’apprêtant à plonger dans un univers implacable.

Plongés en plein enfer

Avec son tournage complètement fou, PREDATOR devient rapidement une calamité. D’abord pensé comme une créature à un oeil sous forme d’insecte, les premiers plans tournés avec le costume sont

catastrophiques. À l’intérieur de celui-ci, on y retrouve d’ailleurs un certain Jean-Claude Van Damme. John McTiernan envoie les rush à la FOX qui décide tout simplement de stopper momentanément la production. Le film est même tout près d’être purement et simplement annulé, tant la crédibilité de la bête est nulle. Le salut viendra alors de Schwarzy qui glisse le nom de Stan Winston au producteur Joel Silver. L’acteur l’a connu sur le tournage de TERMINATOR et a loué la qualité de son travail. Winston repensera totalement la créature en la transformant en un guerrier à l’allure plus humaine et impressionnante. Il le dotera également d’un arsenal combinant le high-tech et le primal, l’adaptant parfaitement à son terrain de chasse.

Kevin Peter Hall, un homme impressionnante de 2,20 mètres, se glisse dans le costume d’un Predator devenu bien plus imposant. Les acteurs, eux, se voient imposés un entraînement militaire rude avec une température avoisinant les 40°. Un véritable enfer qui verra naître un esprit de compétition redoutable entre les comédiens, soumis à la nature impitoyable (dont des insectes imposants) qui conduira inexorablement à une grosse tension entre tous. Les organismes sont fatigués, mais la rivalité s’accroit, une situation qui sera totalement bénéfique pour le film qui sortira dans les salles le 12 juin 1987. PREDATOR transpire de ce taux de testostérone, embarquant le spectateur dans un impressionnant tourbillon de brutalité. C’est aussi pour ça que ce premier film est probablement indépassable. Avec près de 100 millions de dollars de recettes, ce fut un grand succès et la naissance d’une icône de la pop culture.

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