Borsalino, rencontre au sommet entre Alain Delon et Jean-Paul Belmondo

Grande réunion de deux immenses vedettes de l’époque, le film BORSALINO c’est une histoire forte dans laquelle on suit deux voyous tentant de devenir des caïds de la pègre marseillaise.

Un projet ambitieux

Ce projet vient tout d’abord d’une lecture, celle d’Alain Delon. Alors en plein tournage du film culte LA PISCINE, le comédien discute avec le réalisateur Jacques Deray d’un roman qui lui a beaucoup plu intitulé BANDITS À MARSEILLE écrit par Eugène Saccomano. Par le biais de sa société de production, il veut acheter les droits de cette histoire et demande à Deray de le réaliser. Les deux acolytes travaillent alors à l’élaboration du script tandis que Delon a déjà une idée de celui qui pourrait incarner son acolyte à l’écran : Jean-Paul Belmondo.

Devenus des vedettes pratiquement au même moment, les deux hommes se sont côtoyés brièvement sur le tournage de PARIS BRÛLE-T-IL ?, mais le moment est idéal pour qu’ils soient ensemble sur l’affiche. Belmondo ne donnera son accord qu’après lecture du script. C’est à ce moment que les choses tournent mal pour la production. Evoquant l’Occupation à Marseille et notamment la collaboration des deux bandits avec la Gestapo, de lourdes menaces pèsent sur l’équipe du film (et notamment son réalisateur) tandis que les aides financières disparaissent une à une. Delon penchera alors pour une réécriture et cette facette peu reluisante sera donc effacée de l’intrigue. Plusieurs scénaristes de renom participèrent à l’écriture (comme Jean-Claude Carrière ou Claude Sautet) tandis que les deux stars sont déjà occupés à prendre toute la place.

Une bataille d’ego

Delon et Belmondo chapeautent le projet avec leur ego, soucieux d’une répartition équitable de leur présence à l’écran et, également, du nombre de gros plans sur leur visage. Si les deux hommes se sont fort bien entendus pendant le tournage, les choses se sont gâtées par la suite. Etant à la fois producteur et acteur, Delon a fait inscrire son nom deux fois sur l’affiche et au générique, tandis que celui de Belmondo, simple acteur, ne s’y trouve qu’une seule fois. Un accord préalable établi entre eux ne prévoyait pas ce point. Belmondo intente alors un procès qu’il remportera deux ans plus tard. Néanmoins, ils finiront par se réconcilier quelques années plus tard.

Indissociable d’une musique somptueuse composée par Claude Bolling, BORSALINO est un film comme on n’en fait plus, ambitieux, riche et prestigieux. Fort de son carton lors de sa sortie en salles (plus de 4 millions d’entrées), le long-métrage de Jacques Deray connaîtra une suite nettement moins réussie en 1974 intitulée BORSALINO AND CO. qui n’a forcément plus la même valeur sans Jean-Paul Belmondo. Et pas les mêmes qualités narratives non plus…

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