Hannibal, le retour du cannibale par Ridley Scott

Plus d’une décennie après le chef-d’oeuvre LE SILENCE DES AGNEAUX, Anthony Hopkins reprenait son rôle du docteur Hannibal Lecter pour un film alléchant sur le papier. En effet, à l’époque, la sortie du long-métrage est fébrilement attendu par toute la planète cinéma. C’est la séquelle d’un film unanimement salué, réalisée par l’un des meilleurs cinéastes de son temps, Ridley Scott. La greffe ne pouvait que prendre.

Un bond dans le futur

Il y a dix ans, le docteur Hannibal Lecter s’échappait de sa cellule. Clarice Starling (Julianne Moore), agent du FBI sur la touche, n’a pas oublié sa rencontre avec lui, sa présence troublante et le son grave de sa voix qui hantent toujours ses nuits.
Mason Verger (méconnaissable Gary Oldman), un ancien patient, se souvient également d’Hannibal, puisqu’il a été sa quatrième victime. Malgré le fait qu’il ait été atrocement défiguré et mutilé, il a survécu. Il nourrit sa vengeance depuis dix ans. Devenu extrêmement riche, il promet une récompense de trois millions de dollars pour quiconque le repérera.
L’inspecteur Rinaldo Pazzi (Giancarlo Giannini) lui téléphone pour l’informer de sa présence en Italie. En effet, après avoir changé d’identité, Hannibal est devenu le conservateur d’un musée à Florence. Et pour attirer ce dernier dans ses filets, Mason connaît un appât irrésistible : Clarice Starling.

Dans un jeu de rôle lentement mis en place, HANNIBAL va alors déconstruire le mythe pour nous montrer la vie de Lecter en dehors de sa cellule. L’ambiance en Italie est léchée tandis que la mise en scène de Scott impose un visuel tout en clair-obscur. Tirant au maximum profit de son environnement, le cinéaste réalise quelques plans de toute beauté, filmant Hannibal comme un monstre, plus qu’un humain. S’il se laisse parfois aller à quelques facilités (comme les ralentis mal gérés), il nous montre tout de même toute l’étendue de son talent. Tout comme Anthony Hopkins, encore une fois parfait dans la peau de ce psychopathe, parvenant à nous troubler avec un seul regard. Sa prestation est maîtrisée de bout en bout.

Un résultat qui divise

Mais HANNIBAL souffre d’un rythme très inégal et d’intrigues bien trop longues pour pleinement satisfaire. Cette histoire de vengeance est assez peu passionnante et sa résolution est un ratage complet. L’idée d’imposer un adversaire à Lecter n’est pas si mauvaise, mais son exécution est plus laborieuse.

Gary Oldman, transformé par un maquillage outrancier, ne parvient pas non plus à rendre Mason Verger réellement intéressant. En décidant de faire revenir Hannibal aux Etats-Unis dans la seconde partie, Ridley Scott se prive de tout effet de surprise. Le film s’enfonce dans la banalité et ne parviendra plus jamais à être passionnant. Un peu comme Clarice Starling, interprétée par une Julianne Moore un peu éteinte. On ne retrouve pas le personnage que l’on a connu dix ans plus tôt, qui était plus téméraire, mais aussi bien plus maligne. La faute est à imputer au scénario qui la coince pendant une bonne partie dans son bureau à tenter de résoudre une affaire bien obscure. On a perdu toute la simplicité subtile du précédent volet en voulant en faire trop.

L’ultime séquence, qui a largement divisé parmi les cinéphiles, tombe finalement dans le grand-guignol. C’est sûr, voir un Ray Liotta cervelle à l’air, ça a quelques chose d’amusant. Mais l’effet de cette scène tombe à plat. On démystifie ici toute la nature même de Lecter qui n’est plus que l’ombre de lui-même.

Produit pour la coquette somme de 87 millions de dollars, HANNIBAL va largement rentrer dans ses frais en encaissant 351,5 millions. Anthony Hopkins retrouvera une ultime fois Hannibal Lecter avec le prequel DRAGON ROUGE.

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