Utoya 22 juillet, un film impressionnant et nécessaire

Le 22 juillet 2011, la Norvege est touché de plein fouet par un massacre sans précédent : sur l’île d’Utoya, un tireur fou tue 77 personnes jeunes rassemblés dans un camp et en blesse plus de 200 avec des armes lourdes. Un choc, une émotion vive. En 2018, le réalisateur Erik Poppe en tire un film percutant étiré en un long plan-séquence qui nous fait tour à tour traverser le chaos, la peur, la colère et la tristesse.

Une mise en scène impressionnante

Sans artifice ni emballage sirupeux, UTOYA 22 JUILLET est un bloc de cinéma comme on n’en fait peu. C’est une plongée effrayante pour la survie, une véritable course pour échapper à un tireur dont on n’ignore tout. C’est là que réside la force de ce film qui ne s’embarrasse jamais de faire les présentations. L’identité du tueur n’est jamais nommée dans les cartons explicatifs et n’est même pas personnifié à l’écran. Tout juste voit-on sa silhouette en haut d’une falaise. L’homme agit comme un spectre, une menace invisible pouvant venir de partout. Il avance et tire ses balles qui résonnent constamment comme un coup de poignard dans le corps de ces jeunes pris au piège. La mise en scène participe à cette sensation d’enfermement, privilégiant les plans serrés aux ouvertures plus spectaculaires.

En attaquant de front cet acte ignoble et innommable, le cinéaste doit compter sur des acteurs solides au jeu particulièrement intense. À ce titre, Andrea Berntzen est remarquable, passant par une large palette d’émotions d’une scène à l’autre. La vision de ce film sur le plus large écran possible procure une sensation bluffante d’immersion, aussi intense qu’effrayante. Si UTOYA 22 JUILLET pêche parfois par un excès d’écriture (quelques séquences alourdissent l’ensemble), son urgence et sa captation en temps réel lui offrent une pesanteur absolue.

Découvrir ce film, c’est aussi se rappeler. Onze ans plus tard, le coeur et la tête sont encore saisis par la brutalité des images tandis qu’un pays tout entier a pansé ses plaies tant bien que mal. Cet événement largement médiatisé fut donc raconté de deux manières bien différentes à l’écran entre cet UTOYA 22 JUILLET et celui de Paul Greengrass, UN 22 JUILLET, diffusé sur Netflix. Deux oeuvres qui se complètent et qui possèdent toutes les deux leurs propres qualités.

UTOYA 22 JUILLET est actuellement disponible sur la plateforme FILMOTV.

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