critique de BLACK PHONE

Sorti en 2012, SINISTER fut un véritable électrochoc dans le petit monde du cinéma horrifique. Il faut dire que ce dernier fut tellement prolifique à cette époque que les rares bons films sont sortis du lot. Sauf que celui réalisé par Scott Derrickson était tout simplement excellent (indépendamment de la comparaison avec la concurrence) grâce à un scénario bien travaillé qui n’abusait pas des effets faciles.

Dix ans plus tard, on retrouve donc la paire Derrickson – Ethan Hawke pour BLACK PHONE, un long-métrage adapté d’une nouvelle éponyme écrite par Joe Hill. Hawke joue ici un véritable psychopathe qu’on surnomme L’Attrapeur. Ce dernier kidnappe des enfants à l’aide de sa petite camionnette noire et les enferme dans le sous-sol de sa maison. En parallèle, on suit Finney et Gwen Shaw, frère et soeur, qui doivent se débrouiller avec un quotidien difficile. Le premier subit la vie, la seconde se bat continuellement. Sans mère, ils sont obligés de vivre avec un père certainement revenu de la guerre et traumatisé par celle-ci, qui contient difficilement ses accès de violence. Avec peu, Scott Derrickson fait grimper la tension, mais il faut de suite briser un malentendu : ceux qui sont venus pour les frissons seront déçus. La peur est ici insidieuse : c’est dans l’aspect commun et banal d’une vie normale qu’elle se développe. À tout instant, un enfant peut disparaître en rentrant tout simplement de l’école.

Sans rien dévoiler de l’intrigue, il faut saluer le courage du cinéaste de se servir du genre pour proposer autre chose. À l’instar de James Wan, il développe son récit avec intelligence et offre une belle part au drame ainsi qu’à la psychologie de ses personnages. Ces derniers sont incarnés par des acteurs remarquables avec deux mentions spéciales pour Mason Thomas (Finney) et Madeleine McGraw (Gwen Shaw). Le premier porte le film à lui tout seul avec une palette de jeu assez bluffante. On ressent constamment le poids de ses douleurs internes sans que celles-ci ne soient exposées futilement par des dialogues didactiques. On le voit se transformer de scène en scène avec une conviction impressionnante jusqu’à un final détonnant. Quant à la jeune actrice qui incarne Gwen, elle impressionne par son naturel et sa conviction, capable de nous émouvoir en une poignée de secondes lors d’une scène familiale qui dérape.

Notons aussi l’intéressant retournement de situations ici : BLACK PHONE utilise les esprits comme une aide pour le protagoniste et non comme une menace. Une idée maline qui oriente le mal vers une personne bien réelle que vous pourriez rencontrer n’importe où et n’importe quand dans votre petite ville. C’est le dernier point fort du film, cette volonté de ne pas exposer la psychologie de son antagoniste pour en faire un martyr. Ethan Hawke incarne une ombre, un monstre tapi dans l’obscurité s’acharnant sur des enfants avec un plaisir sadique. Et ça, c’est totalement terrifiant.

AVIS GLOBAL : Ne s’enfermant jamais dans les codes de l’horreur, BLACK PHONE est un film remarquable qui s’appuie sur des points dramatiques forts tout en déjouant constamment nos attentes. Une grande réussite, portée par un excellent casting.

NOTE :

Note : 4 sur 5.

BLACK PHONE 1h43

Actuellement disponible dans les salles de cinéma.

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